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Stratégie hydrogène française : à la croisée des chemins

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Le principal mécanisme de soutien public à la production d’hydrogène décarboné semble privilégier les acteurs historiques de l’énergie au détriment des petites et moyennes entreprises.

Le 19 septembre dernier, le gouvernement français a dévoilé son principal mécanisme de soutien public à la production d’hydrogène décarboné, doté d'une enveloppe de 4 milliards d'euros et actuellement au stade de consultation. Cete nouvelle orientation de la filière semble privilégier les acteurs historiques de l’énergie au détriment des petites et moyennes entreprises, notamment celles qui œuvrent au développement des énergies renouvelables.

Les critères d’éligibilité à ce mécanisme, encore en consultation, sont révélateurs : il faudrait justifier d’un chiffre d'affaires annuel minimum de 100 millions d'euros et de cinq références de projets de plus de 30 millions d'euros. Ce mécanisme soutiendrait des grands projets de production d’hydrogène par électrolyse supérieurs à une puissance de 30 MW. Ces conditions excluent d'office un tissu de PME, ETI et de jeunes entreprises du secteur, tout autant que les collectivités qui les accueillent, tissu d’acteurs pourtant soutenu publiquement par le Gouvernement autour de la Loi Industrie Verte. Enfin, aucun signal n’inciterait à la production d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables alors même qu’elles seront le pilier de notre transition dans les dix prochaines années.

Un oubli des territoires, le sacrifice d’une transition locale

À travers ce mécanisme de soutien, la stratégie nationale s’orienterait vers des infrastructures massives concentrées dans quelques zones. L'opportunité d'une pluralité d’acteurs dans la filière hydrogène, et avec eux de nouveaux modèles énergétiques vertueux, risque ainsi de ne pas voir le jour. Une dynamique régionale s’est pourtant déjà mise en marche, avec des feuilles de route innovantes et des investissements publics conséquents déjà engagés.

L’écologie à la française, dont les contours ont été dessinés par le Président de la République, risque ainsi d’écarter les territoires et de pénaliser des initiatives d’élus locaux sur les sujets de transition énergétique. Au contraire elle confie une responsabilité à un groupe restreint d'acteurs, parmi lesquels certains ont historiquement des liens avec les énergies fossiles, avec des engagements dans la transition énergétique variés.

Un vivier d'entreprises innovantes dans le secteur de l'hydrogène

Cette stratégie semble également faire fi du potentiel français en matière d'innovation, de la part d’entreprises dynamiques prêtes à inventer la filière hydrogène de demain pour en faire une filière de transition.

En 2022, France Hydrogène recensait 240 projets en développement sur le territoire, dont 210 en dessous de 30 MW, seuil minimal inscrit dans le mécanisme de soutien. Ce nouveau dispositif poserait donc un risque majeur sur la viabilité de ces projets, déjà annoncés, et menace, par la même, les entreprises qui les portent. Les projets de taille intermédiaire sont ceux qui ont le plus de chance de réussir à court terme, ils doivent être soutenus en conséquence.

L’éléphant dans la pièce : l’origine de l’électricité

Le pari industriel est immense : l’ateinte des objectifs de production d’hydrogène français nécessite la disponibilité de grande quantité d’électricité à court terme. Ce premier gigawat d’électrolyseurs souhaité par le mécanisme de soutien consommera, en effet, autant d’électricité qu’un département français comme la Haute-Garonne. Or, l’électricité est un bien critique, l’électrification massive de nos usages préempte déjà une importante partie de notre réseau électrique décarboné.

À court et moyen termes, la seule alternative pour éviter de surcharger notre réseau électrique est d’accélérer le déploiement de nouvelles capacités d'énergies renouvelables, comme le rappelle, d’ailleurs, RTE, gestionnaire du système électrique français.

Or la stratégie française comme esquissée par ce mécanisme de soutien présente une inquiétante incohérence. Elle ne soutient pas l’hydrogène renouvelable, et accorde très peu d’importance à l'origine de l'électricité utilisée (seulement 1 point sur 100 dans le cahier des charges présenté). L'absence de toute incitation à utiliser de l'électricité renouvelable est par ailleurs incohérent avec les engagements de la France à déployer prioritairement la production d'hydrogène renouvelable, au même titre que ses partenaires européens.

Des solutions existent !

Ces dernières années, les différents débats entre les 27 membres de l’UE ont pu aboutir à un socle réglementaire robuste et efficace pour permetre à la filière hydrogène de ne pas avoir à s’appuyer sur les énergies fossiles. Concrètement, l’Europe soutient le développement de l’hydrogène renouvelable à travers la mise en place d’une banque européenne de l’hydrogène. Ce mécanisme vise à soutenir les projets de production d’hydrogène renouvelable de plus de 5 MW, réalisable rapidement et répondant aux besoins de décarbonation. Une taille de projets que la filière maîtrise déjà et qui permet d’ateindre des prix compétitifs, équivalents à des projets de plus grande capacité. Au lieu de s’y opposer, la France devrait embrasser ce cadre européen pour appuyer sa stratégie hydrogène et permetre le développement concomitant de grands projets industriels et de projets de territoire. Nous espérons que cete vision sera considérée lors de l’analyse des résultats de la consultation du mécanisme de soutien.

Plutôt que de restreindre le développement de la filière hydrogène à quelques typologies de projets et d’acteurs, l’ambition française pourrait être de promouvoir des projets de toutes tailles afin qu’ils contribuent à une transition énergétique équilibrée, conciliant la création de valeur économique, environnementale et locale. C’est seulement à travers cete vision que la France pourra se donner les moyens de réaliser son ambition d’être un leader de l’hydrogène dans une temporalité maîtrisée.

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